Cérémonie du 08 mai 2021

Actualités Vie municipale

Retrouvez ci-dessous le discours de Patrick Labesse, Maire de Carbon-Blanc pour la cérémonie du 08 mai 2021 :

Mesdames et Messieurs les élus, Messieurs les Présidents d’associations d’Anciens Combattants, Madame, Monsieur les Porte-drapeaux, Madame, Messieurs les récipiendaires,

C’est dans des conditions bien particulières, puisque seulement quelques représentants ont été autorisés à assister à cette cérémonie du souvenir, que je vous accueille au nom de l’ensemble du Conseil Municipal.

Je le regrette d’autant plus qu’aujourd’hui, 8 mai 2021, ce sont 3 décorations qui vont être remises, ici même dans quelques instants.

Je tiens à saluer toutes celles et tous ceux qui sont là d’ordinaire, autour de notre monument aux morts et qui ne peuvent être à nos côtés.

Je remercie les élèves de l’école Barbou et leurs enseignantes ainsi que les musiciens de l’école de musique Dorémifavols pour leur engagement renouvelé malgré la situation sanitaire. Présents à distance, nous les entendrons dans quelques instants.

Le 8 mai 1945, fut signé à Berlin l’acte solennel de capitulation sans condition de l’Allemagne nazie qui mettait fin à la seconde guerre mondiale. Ainsi s’achevaient près de 6 années de terreur, de souffrances, de spoliations irréparables et de privations.

Aujourd’hui, devant ce monument aux morts, nous commémorons avec émotion le 76ème anniversaire de la victoire des forces alliées contre le nazisme et sa barbarie.

Cette victoire nous la devons aux femmes et aux hommes de France qui n’ont pas voulu abdiquer malgré les circonstances ; résistants anonymes, hommes et  femmes ordinaires qui ont accompli des actes extraordinaires  : passeurs de frontières, saboteurs aux chemins de fer et dans les usines d’armement françaises, sauveurs de Juifs, les « Justes », combattants du Vercors et du Plateau des Glières et tant d’autres…

Cette victoire nous la devons aussi à tous les soldats qui ont accepté de traverser les mers et les océans pour combattre aux côtés des Forces Françaises Libres et participer à la lutte contre le totalitarisme nazi.

 

Comme chaque année, nous devons rendre hommage, à ces combattants héroïques, victimes de ces terribles années de guerre, à toutes celles et ceux qui ont sacrifié ou risqué leur vie pour que nous recouvrions notre liberté.

 

Malgré le temps et les pages d’histoire qui nous ont dévoilé tous les ressorts de ce terrible moment, nous ne pouvons et ne pourrons jamais comprendre, ni accepter ce qui a pu germer dans l’esprit des hommes, permettant une persécution systématique de populations civiles, hommes, femmes, enfants, parce qu’ils étaient juifs, slaves, tsiganes, opposants politiques ou homosexuels, dans un univers concentrationnaire jusque-là impensable… Il s’agissait de nier leur humanité et de les réduire au silence.

Ce 8 mai nous ne célébrons pas seulement une victoire militaire mais avant tout une victoire morale, une victoire du bien contre le mal, de ce qu’il y a de plus grand dans l’homme contre ce qu’il peut y avoir de pire en lui.

S’il y avait une seule leçon à retenir du 8 mai 1945, ce serait d’ailleurs celle-ci : ne jamais rien lâcher sur ce qui fait notre humanité́, ne jamais transiger sur les valeurs qui sont les nôtres.

Aujourd’hui, ayons ce devoir de mémoire et battons-nous face aux défis qui sont désormais les nôtres dans une Europe en paix mais un monde incertain et fragile.

Soyons dignes de celles et ceux qui ont survécu, les mêmes qui ont bâti la réconciliation franco-allemande et l’Europe pour que jamais ce qu’ils ont enduré dans leur propre chair, l’horreur des camps, l’extermination de masse de civils innocents ne puissent se reproduire.

Cette guerre qui a ravagé l’Europe, mais aussi l’Asie et le Pacifique durant six terribles années, cette guerre-là fut sans précédent.

L’idéal européen, celui inventé par Schumann, Monnet, Adenauer et de Gaulle, reste plus que jamais le rempart contre toutes les dérives belliqueuses.

Notre Europe est en proie à la montée sans cesse croissante des nationalismes, de l’antisémitisme, de la haine de l’étranger et des replis sur soi.

Aujourd’hui est bien le jour pour se souvenir de la délirante machine à broyer nazie.
Souvenez-vous du silence coupable des nations devant la montée au pouvoir d’Hitler. En1931-1932, le chômage et la précarité́ ravagent l’Allemagne, la démocratie est en crise. Hitler va chercher et designer les coupables, il stigmatise les communistes et les Juifs qu’il accuse d’être responsables de la défaite et de la crise.

Aujourd’hui encore, il faut donc avoir la plus grande défiance envers tous ceux qui proposeraient des solutions simples pour régler la complexité… Quand l’on nous promet que d’une seule clé́ toutes les portes vont s’ouvrir un jour, un jour bientôt peut-être, réfléchissons non à la porte mais au chemin que nous voulons prendre…

Aux 4 coins du monde, les exemples ne manquent pas pour nous rappeler l’absurdité humaine. Que ce soit des faits de guerre ou de graves dérèglements de notre organisation économique, sociale et politique avec tous les impacts néfastes à notre vie et à notre planète.

Pour que l’histoire ait un sens, pour que la bravoure et le sacrifice de nos morts soient reconnus à leur exacte valeur, il nous faudrait peut-être admettre que la catastrophe n’est pas à venir, mais que nous vivons avec… Que l’on soit élu ou citoyen, il faut alors du courage pour agir.

Liberté, Egalité, Fraternité !  Ces valeurs, nos ainés les ont défendues dans leur chair et au prix de leur vie. Ils les ont portées pour ouvrir de nouveaux horizons et jeter les bases d’une République plus robuste mais aussi avec l’espoir d’un monde de coopération et de paix entre les peuples. Ils sont de moins en moins nombreux aujourd’hui parmi nous, à avoir vécu ces instants et à pouvoir en témoigner. Leur œuvre reste inachevée, parfois maltraitée. Alors nous qui sommes nés après, nous avons ce devoir d’en transmettre la mémoire.

Le chemin que je vous invite à prendre est celui de la construction d’une société solidaire, celui de mettre l’humain au cœur même de cette société. La situation actuelle nous invite à nous rapprocher, à entreprendre collectivement d’autant plus au temps de la pandémie.

Cependant, il y aura un après virus, et il faudra non pas penser que tout sera spontanément différent, mais faire preuve de patience, de résilience, de détermination et de solidarité pour construire, ensemble un monde plus moderne, plus attentif à l’homme.

« Le mot résister doit toujours se conjuguer au présent », disait encore Lucie Aubrac.

Je nous souhaite à tous, fraternellement, que la minute de silence aujourd’hui de rigueur, celle où nous invoquons ces voix, que cette minute revienne chaque jour dans nos vies, pour la liberté́, pour l’Egalité et la fraternité́, pour une France telle que nous voulons la vivre et la réaliser, sans attendre.

Merci à vous toutes et tous d’avoir partagé avec nous ce moment de recueillement, votre présence honore nos compatriotes qui ont donné leur vie pour la patrie.

Vive la République et vive la France